Interview du Dr Migliaccio
Rencontre avec le Dr Raffaella Migliaccio, membre du Conseil Scientifique de la Fondation Philippe Chatrier

Dédiée à la recherche contre la maladie d’Alzheimer, la Fondation Philippe Chatrier finance les travaux de recherche les plus prometteurs. Le Groupe ATLAND est mobilisé à ses côtés depuis 2021.

Quel est votre rôle au sein du Conseil scientifique de la Fondation Philippe Chatrier ?
Déjà, il est important pour moi de souligner le rôle fondamental de la Fondation Philippe Chatrier. Ce n’est pas un " plus ", c’est juste vital pour poursuivre des travaux : le soutien économique aux chercheurs est essentiel, sinon on n’avance pas. À commencer par moi ! J’ai été lauréate de la bourse 2015 et c’est ce qui m’a permis de poursuivre mes travaux de recherche dans de bonnes conditions, dans une logique d’intérêt général, ce qui anime les chercheuses et chercheurs. Aussi, le soutien des entreprises comme ATLAND à la Fondation, est très important.
Pour répondre plus directement à votre question, je connais la Fondation depuis près de 10 ans maintenant et je suis très heureuse de pouvoir lui apporter un soutien. Je vais ainsi aider à la sélection des candidates et candidats pour les prix et les bourses. Il y a aussi ce lien très fort, dès la genèse de la Fondation, avec le sport, un outil important pour l’amélioration de la prise en charge des malades et c’est un sujet dans lequel j’aimerais aussi m’investir.
Quelques mots sur votre parcours ?
Médecin et neurologue, j’ai d’abord été formée à Naples, en Italie. Puis j’ai passé une partie de mon cursus doctoral au Memory and Aging Center à l’Université de Californie, San Francisco (UCSF). Après mon doctorat en Neurosciences (2009), je me suis installée à Paris et j’ai rejoint l’INSERM.
Depuis 2015, année où j’ai remporté la bourse de la Fondation Philippe Chatrier, je suis Chargée de Recherche INSERM (Associate Professor) à l’Institut du cerveau (ICM). J’ai également une activité clinique à l’Institut de la Mémoire et de la Maladie d’Alzheimer (IM2A) à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Mes travaux de recherche portent sur l’amélioration du diagnostic et de la prise en charge des patients qui développement la maladie de façon précoce.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos travaux de recherche ?
Je vais tenter de synthétiser : à l’origine, j'étais particulièrement intéressée par les cas atypiques. Si la maladie touche très majoritairement des sujets âgés, elle peut aussi se développer chez des personnes plus jeunes qui représentent 3% des malades.
Il y a 1,3 million de Français atteints par la maladie rien qu’en France, 3% ce sont déjà des dizaines de milliers de personnes, et des millions au niveau mondial. Généralement, cela concerne des formes atypiques de la maladie : la mémoire par exemple peut être bonne, mais des troubles au niveau de langage ou de la vision peuvent subvenir. Il y a une grande diversité de symptômes chez ces patients, la maladie peut évoluer de façon plus lente aussi. Cette situation provoque une errance diagnostique importante qui les écarte des protocoles thérapeutiques.
Au-delà de la prise en charge thérapeutique, l’accompagnement des patients est essentiel pour les aider à préserver leur capital cognitif et vivre mieux. Au sujet des troubles du comportement par exemple, pour un patient qui connait une période d’agitation, nous avons démontré que plutôt que de s’orienter vers une solution médicamenteuse, lui proposer une activité peut contribuer à le tranquilliser profondément et lui permettre de se concentrer. Le rôle des loisirs, la lecture notamment, mais aussi la socialisation et le sport, permettent de ralentir la progression de la maladie. L’environnement joue ainsi un rôle fondamental tout autant que d’engager le patient dans une activité.