Interview d'Elizabeth Kuhn
Coup de projecteur sur les travaux du Dr Elizabeth Kuhn, lauréate de la bourse post-doctorale 2021, qui répond à nos questions.

ATLAND renouvelle son soutien à la Fondation Philippe Chatrier dédiée à la recherche contre la maladie d’Alzheimer et qui finance les travaux de recherche les plus prometteurs. Elizabeth KUHN, lauréate de la bourse post-doctorale 2021, répond à nos questions sur son parcours et ses travaux.
Je suis docteur en neurosciences depuis novembre 2021, et depuis janvier 2022, l’heureuse maman d’un petit garçon. Je me suis lancée dans le monde de la recherche par soif de connaissance et par goût pour le challenge intellectuel, qui pour l’instant, ne sont toujours pas rassasiés après plusieurs années.
Le soutien de la Fondation Chatrier nous a permis, à ma famille et moi-même, de déménager à Bonn (en Allemagne), où je travaille depuis avril 2022 grâce à la bourse de recherche post-doctorale qui m’a été allouée.
Quelques mots sur votre parcours ?
Je mène actuellement mes travaux en tant que post-doctorante au German Center for Neurodegenerative Diseases (DZNE), à Bonn en Allemagne.
J'ai commencé mon parcours en effectuant une licence en Biologie des Organismes entre 2012 et 2015 à Le Mans Université. J'ai ensuite poursuivi par un Master en neurosciences à l’Université de Caen-Normandie entre 2015 et 2017. Et enfin, de 2017 à 2021, j’étais doctorante dans le laboratoire du Dr Gaël Chételat à Cyceron (Unité Inserm UMR-S 1237), où j’ai obtenu mon Doctorat en Science de la vie et de la Santé, toujours à Caen.
Ma thèse avait pour thème « Le déclin cognitif subjectif du patient (auto-rapporté) et de son proche (hétéro-rapporté) : liens avec le déclin cognitif objectif et les biomarqueurs de neuroimagerie selon le stade d'atteinte clinique de la maladie d'Alzheimer ».
Pourquoi orienter vos travaux sur cette pathologie ?
Près de 50 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde, et environ 70% d'entre elles sont en fait atteintes de la maladie d’Alzheimer. Cette maladie neuro-dégénérative est la plus fréquente, et elle concerne 1 million de personnes en France. Avec l’évolution de la démographie et de la pyramide des âges dans de nombreux pays, on estime que ce nombre pourrait tripler d'ici 2050 si aucune avancée n'est faite dans le diagnostic précoce et la prise en charge thérapeutique des patients (par exemple, si aucun traitement efficace n’est découvert).
C’est une maladie terrible, elle affecte progressivement le fonctionnement général des personnes qui en sont atteintes, avec la multiplication des difficultés dans les activités de la vie quotidienne. Aux derniers stades de la maladie, les personnes ne sont plus autonomes et voient leurs capacités d'autodétermination diminuées, de même que peuvent être dégradées leurs relations à l'autre et avec leur environnement social. Tout le monde connaît les souffrances qu’elle entraine pour les familles concernées, que ce soit pour les patients, ou pour leurs proches.
Aujourd'hui, nous sommes encore loin de tout comprendre sur cette pathologie, et d’une façon générale, sur les maladies neuro-dégénératives. Il reste beaucoup à faire, et je souhaite y contribuer.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos travaux de recherche actuellement ?
C’est une continuité avec mes précédents travaux de doctorat. Mon thème de post-doctorat est précisément « L’auto-évaluation de la détérioration cognitive au stade préclinique de la maladie d’Alzheimer : liens avec l’intégrité́ cognitive et cérébrale des patients ». Pour simplifier, ce sont des travaux qui visent à la réalisation d’un outil de diagnostic précoce pour cette maladie qui a une évolution progressive et lente. Pour y parvenir, il faut notamment parvenir à mieux comprendre comment survient la maladie, dans quelles conditions, dans quelles populations, selon quels facteurs de risques, avec quels symptômes précoces, etc... pour aboutir à terme au développement d'une série d'outils qui permettra de réaliser ce diagnostic plus précoce, et dont pourrait faire partie des questionnaires d’auto-évaluation et d'évaluation par les proches.
C'est un point fondamental car une prise en charge adaptée au plus tôt (e.g., activités physiques, entrainement cérébral, alimentation saine…) permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais pourrait aussi retarder les effets de la maladie. C'est d'autant plus important que malgré des avancées récentes prometteuses, il n’existe pas encore de traitement curatif mais uniquement des médicaments qui permettent d’en atténuer les symptômes, et ce, à un stade encore relativement avancé de la maladie.
Toute la communauté scientifique a encore beaucoup de travail, soutenir la Fondation Philippe Chatrier est donc très important, chaque don est important.